Les aventures imaginaires de Mme Le Turf, habitante de Bréhat
Tout est imaginaire – Enfin peut être !
Résumé de l’épisode précédent : Jean-Claude arrive défait chez sa mère le 14 Août, ses deux copains et lui viennent de recevoir un avis de licenciement. Pressé de questions, il dit ne rien y comprendre et propose à sa mère de participer à une manifestation pour sauver les trois emplois…
« Les Echos des Marées » du 17 Août
ILE DE BREHAT : Qui en veut à la presse de l’île ?
Nous apprenons de source sûre qu’en plein 15 Août, la presse a cessé de fonctionner. Ne croyant pas à la panne, la Municipalité a diligenté une enquête. Les services sont sur les dents ! Notre journal vous tiendra naturellement informés des développements de cette affaire qui promet d’être compliquée…
« Les Echos des Marées » du 19 Août
ILE DE BREHAT : Les auteurs du sabotage bientôt cernés !
L’enquête diligentée par la Préfecture sur requête de la municipalité de Bréhat, gravement affectée par les événements du 15 Août, a donné ses premiers résultats : il semblerait que les auteur.e.s connaissaient bien les lieux, des indices probants ont été relevés sur place… Nous vous avertirons de la suite des recherches, pour l’instant tenue secrète dans un souci de sécurité.
La voisine de gauche referme son journal.
« Et ton Jean claude, Eliane, il en a pas des indices ? Il doit les connaître lui, les gars qui fréquentaient la presse d’un peu trop près. Faut lui demander… »
Elle aime pas ça elle, la voisine de gauche, ces casseurs du continent qui s’en prennent à notre caillou. Elle a pris son air des mauvais jours, elle ne comprend pas le calme de Mme Le Turf.
« Faut qu’on les aide les gendarmes, sinon, un jour la presse, demain la Mairie , et après ça sera quoi ? Les sites remarqués, comme ils disent là haut… »
Si elle se tait Eliane, c’est qu’elle a une grosse boule dans la gorge. Il y a pas une heure, elle était face à son Jean-Claude, en larmes. Il lui a tout dit : La lettre de licenciement reçue deux jours plus tôt, la colère qui les a pris Mickaël, Kevin et lui :
« C’est comme si on pouvait plus penser, M’man »
Et puis Kevin qui sort trois canettes de son sac.
« Allez les gars, ça va nous aider à réfléchir ! »
Et l’excitation qui monte, les nerfs qui lâchent, contre les patrons, les chefs, contre la vie.
« Et mes crédits pour mon vélo électrique ? Il va se rembourser tout seul peut être. Et la bague pour Marilyne, elle va rester dans la vitrine du Manège aux bijoux c’est sûr ! Y a pas de raison… Y a pas de raison. C’est pas de notre faute tout ça ! Kevin, il disait rien, mais il était rouge, tout rouge, et puis cette chaleur.. et le voilà qui se lève d’un coup. «Les gars, qu’il nous dit, ça va pas se passer comme ça… »
Et voilà comment tout a débuté, il avait tout dans la tête Kevin,
« On l’a suivi comme des marionnettes, vite, du cambouis sur la turbine, une giclée d’essence sur le cambouis, et le chiffon dans le bidon, Moi, ils m’ont dit : Toi tu fais le guet. Alors je me suis planqué derrière le bâtiment et d’un coup je les entends qui sortent en criant : Gare toi donc Jean-Claude, gare toi, ça va sauter.
Et puis tout a brûlé … Alors nous voila a dévaler les tertres, on retire nos salopettes toutes noires et graisseuses, pleines de cambouis comme elles étaient, et on les cache dans un fossé sur la route du Paon… »
Il soupire, réprime un sanglot.
« Oui, je t’ai menti M’man, mais sur le coup, je pouvais pas te le dire, j’avais trop peur que tu le prennes mal ! »
C’est un mauvais rêve pense encore Mme Le Turf, pas lui, pas son Jean-Claude, mais il est tellement influençable, un verre de bière et il n’y a plus personne, c’est pourtant pas dans la revanche que je l’ai élevé… Que faire maintenant ?
« Sur que l’enquête va vous désigner coupables Kevin, Mikael et toi, on ne doit plus vous voir ensemble. Il faut quitter Bréhat un moment, vous faire oublier. Je vais dire à ma voisine qui se méfie, que t’es plus là… T’es qu’une victime collatérale, je les recevrai moi-même les gendarmes. »
C’est un cauchemar, pense t’elle encore, pas lui, pas son Jean-Claude.
« Les Echos des Marées » du 21 Août
ILE DE BREHAT: Les indices qui accusent
La Gendarmerie de Lanvollon a déclaré au Juge Marcel, qu’après une fouille méticuleuse des fossés de l’ile Nord, le Lieutenant Merlin et ses hommes avaient mis la main sur trois bleus de travail, pleins de cambouis et d’essence. L’acte odieux était donc bel et bien prémédité, ses auteurs seront bientôt démasqués. En même temps des experts de la SMECTO venus de Brest, annoncent que la presse a très peu souffert et qu’après réparation du palan elle pourrait même être remise en marche. La Justice n’abandonne pas pour autant son enquête. Nous tenons nos lecteurs informés.
Mme Le Turf replie son journal.
« Ah pour sûr on n’est pas aidés ! Ca non, on n’est pas aidés… »
A suivre !!!