Yves Trimaille, médecin de l’île
Le contrat local de santé est une avancée à Bréhat. Beaucoup de choses ont été faites, d’autres mériteraient plus d’attention.
Le contrat local de santé (CLS) est un outil porté conjointement par l’Agence Régionale de Santé et une collectivité territoriale pour réduire les inégalités territoriales et sociales de santé. Il doit être l’expression des dynamiques locales partagées ente acteurs et partenaires sur le terrain pour mettre en œuvre des actions, au plus près des populations.
La négociation de ces contrats est fondée sur une dynamique collective. Elle vise à la promotion de la santé, de la prévention, à favoriser des politiques de soins et d’accompagnement médico-social.
Elle est destinée à proposer, en premier lieu, sur les zones territoriales souffrant d’éloignement et ou d’isolement, une accessibilité aux soins en matière de santé comparable à celle des autres territoires et, ici particulièrement, en faveur des populations insulaires. Cependant la santé s’avère être un champ transversal : 80% de ce qui fait la santé de la population est extérieur au système de soins (logement, revenus, éducation, relations sociales, travail, etc.). L’approche adoptée pour l’élaboration d’un Contrat Local de Santé s’inscrit donc dans une vision élargie de la santé en mobilisant une diversité de parties-prenantes dans la perspective de construire des actions concrètes, au plus près des populations et répondant aux besoins du territoire. Les enjeux de santé et de santé environnementale devenant croissants et essentiels pour la qualité de vie et du bien-être des populations dans les communes, le Contrat Local de Santé permet de mobiliser d’autres services publics (services de l’Etat), collectivités locales, associations d’usagers et peuvent également associer des acteurs de la santé, partenaires et organismes prêts à accompagner les actions (CPAM, CAF, Départements, associations, etc.).
C’est ainsi sur la base de cette ambition qu’a été conduit le projet de Contrat Local de Santé des Iles du Ponant et plus particulièrement son avenant spécifique à l’Ile de Bréhat sur la base d’une convention entre l’Agence Régionale de Santé de Bretagne et la Municipalité de l’Ile de Bréhat dont la signature a eu lieu le 21 octobre 2016 à Bréhat.
Le CLS de l’Ile de Bréhat se décline en 5 axes :
- Axe 1 : Conforter et développer l’accès, la continuité, la permanence et l’organisation des soins.
- Axe 2 : Développer une démarche de prévention et de promotion de la santé.
- Axe 3 : Favoriser les soins et le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie.
Axe transversal, développer :
1 : Les réponses aux besoins de transports.
2 : Le recours à l’e-santé.
Chacun de ces axes se décline en objectifs dont la réalisation s’appuie sur des fiches actions. Ces différents axes sont progressivement mis en place dans la commune.
Sans rentrer dans le détail technique de toutes les mesures on peut souligner certains points en fonction des axes.
Axe 1 : Conforter et développer l’accès, la continuité, la permanence et l’organisation des soins.
Actuellement l’objectif de permanence et la continuité des soins est pleinement rempli par une présence médicale sur l’Ile accompagnée par la Municipalité. L’urgence et les soins non programmés sont organisés en parfaite harmonie entre le médecin pompier et correspondant SAMU de l’Ile, les pompiers et le service d’aide médicale d’urgence du département. En collaboration avec le Centre Hospitalier de Paimpol nous travaillons sur un projet de mutualisation des soins visant, sur une base d’optimisation de la ressource, aussi bien matérielle qu’humaine, à offrir, au sein de la Maison de Retraire, la possibilité d’accès facilité à des soins de second recours, aussi bien aux résidents de l’EHPAD, qu’à la population insulaire, via la télémédecine (dermatologie, dentisterie, oncologie, néphrologie…) ou l’organisation de consultations avancées, médicales (psychiatrie) paramédicale (kinésithérapie), à travers une organisation du travail sous la forme d’une communauté professionnelle de territoire de santé qui serait située dans les locaux de l’EHPAD, cette dernière remplissant en quelque sorte le rôle de Maison Médicale. Nous travaillons également en collaboration avec le Centre Hospitalier de Paimpol via le Service d’HAD et le Service de Soins Palliatifs, plus particulièrement avec Madame le Docteur BESSON, ainsi qu’avec le Centre Henri DUNANT de Paimpol au développement du maintien à domicile des patients via l’Hospitalisation à Domicile.
Dans le cadre d’un décès, une convention est en voie d’élaboration, entre la Mairie de Bréhat, le Centre Hospitalier de Paimpol, les Services de Pompes Funèbres, les Pompiers, la Préfecture des Côtes d’Armor, afin que les familles, si elles le souhaitent, et si cela est possible, puissent veiller leur défunt sur l’Ile, au domicile ou au sein de la Chambre Funéraire de la Maison de Retraite. Saluons ici en cela l’acquisition par la Municipalité d’un caisson adapté à la conservation des corps.
Axe 2 : Développer une démarche de prévention et de promotion de la santé.
A l’heure actuelle le CLS permet d’améliorer la participation aux dépistages organisés du cancer du sein au travers d’une convention signée entre le Directeur du Centre Hospitalier de Guingamp et le Maire de Bréhat visant à faciliter l’accès, dans des délais raisonnables, à la mammographie de dépistage.
Dans cette logique, un stand de prévention et de sensibilisation aux risques des conduites festives a été mis en place lors du Festival des Insulaires de 2017.
De même un distributeur de préservatifs, situé derrière la Caserne des Pompiers, a été mis à disposition de la population depuis juillet 2018. Il a été envisagé de renforcer le relais des campagnes de promotion, de la vaccination, du dépistage des cancers (colon, sein, col de l’utérus), ainsi que des différentes campagnes de promotion de la santé par la mise en place d’un panneau d’information dédié à ces causes et situé à proximité de la Place du Bourg, promis par la Mairie, actuellement en attente.
Axe 3 : Favoriser les soins et le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie.
Notons le portage de repas aux personnes âgées dépendantes assuré par la Mairie et préparés au sein de l’EHPAD qui constitue une avancée remarquable en ce domaine même si le bénévolat sur lequel ce portage repose nous paraît, bien que louable, fragile dans sa pérennité et qu’il demeure à ce jour toujours incompréhensif à nos yeux qu’il a été décidé unilatéralement en Mairie que ces personnes n’y auraient pas droit le dimanche.
Signalons également l’intervention auprès des personnes âgées dépendantes des auxiliaires de vie du Centre d’Aide à Domicile de Paimpol, agissant la plupart du temps dans le cadre de l’APA et de plus la mise à disposition des personnes les plus dépendantes de soins assurés par une Aide Soignante, cette fois ci dans le cadre d’une prise en charge par la Sécurité Sociale.
Axe transversal :
1 Les réponses aux besoins de transports.
Suite au diagnostic établi dans ce domaine, suivi d’un état des lieux a été rédigé un cahier des charges. Dans ce cadre notons l’avancée importante apportée par le véhicule municipal, notamment en ce qui concerne le déplacement des personnes à mobilité réduite. Cependant sur une île sans voiture ce véhicule est loin de remplir à lui seul la totalité des besoins de transports sanitaires ainsi que ceux des personnes à mobilité réduite dans le cadre de la vie quotidienne, du fait d’une disponibilité limitée aux heures ouvrables de la Mairie, ainsi que du plus grand flou entourant les critères de mise à disposition, alors que son statut, notamment en ce qui concerne une éventuelle accréditation ouvrant droit au remboursement sanitaire de la part des organismes sociaux reste à préciser, le courrier adressé à Monsieur le Maire à ce sujet étant resté sans réponse.
2. Le recours à l’e santé.
Nous avons déjà évoqué plus haut au sujet de l’axe 1 les avancées apportées par la télémédecine.
Il convient alors d’en consolider les acquis et d’en promouvoir le développement en faveur de l’ensemble de la population insulaire, et notamment en ce qui concerne l’accessibilité aux soins des plus fragiles. Revenons maintenant un temps sur l’axe 2 visant à développer une démarche de prévention et de promotion de la santé.
Nous avons évoqué en préambule la nécessité d’appréhender la santé sous un axe transversal visant à englober dans la démarche la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Pour ce faire a été envisagé de développer, sous la forme de la mise en place d’une cellule de veille éducative sanitaire et sociale, un outil visant à appréhender cette problématique sous la forme d’une réflexion transversale par la sollicitation d’un ensemble de partenaires institutionnels ou privés concernés en fonction des sujets abordés visant à déboucher sur l’élaboration de propositions de réponses aux problématiques sociales et environnementales. Cependant il apparaît que la méthodologie de gestion de la chose publique sur l’Ile ne présente pas actuellement la maturité requise permettant de nourrir un quelconque intérêt, voir une envie, d’aborder ce type de projets au travers d’un débat multipartenarial. A tel titre que les différentes sollicitations à envisager dans ce cadre des sujets tels que la prévention et l’usage de stupéfiants, la sécurité routière, ou encore le traitement et l’élimination des déchets, n’ont pu aboutir, ce dernier sujet ayant même été frappé de censure municipale.
Un distributeur discret de préservatifs
Depuis la mi-juillet 2018, un distributeur de préservatifs a fait son apparition sur l’ile de Bréhat.
Bien que certains commerçants mettent déjà en vente des préservatifs, ce distributeur offre beaucoup d’avantages à la population. Il facilite l’accès à tous et permet un achat discret et anonyme dans la mesure où c’est un achat particulier et très intime. Disponible 24h/24h, il dépanne en cas d’urgence.
Le préservatif est à la fois un moyen de contraception mais également le seul moyen de se protéger contre les infections sexuellement transmissibles (IST).
Et pour se maintenir en forme !