Nos ados bréhatins aiment l’été mais, trouvent que le tourisme « c’est cool et chiant » à la fois.
Par Gaby Cojean Prigent
Autrefois, il n’y a pas si longtemps que ça, le collège pour les enfants de l’île était synonyme de départ en pension, une séparation qui parfois pouvait mener à l’échec scolaire. L’aménagement des horaires de vedettes a permis d’éviter cette rupture entre la vie insulaire et celle du continent. (Avec malgré tout le problème du mercredi lorsque la première vedette de l’après-midi est à 14h30 et que nos gamins sont à l’Arcouest à attendre depuis 13h15).
Nous sommes aux beaux jours, mais voilà une belle photo du départ des collégiens et lycéens au bateau de 7h20. Parfois la traversée n’est pas aussi idyllique qu’en juillet et août, on ne voit même pas l’Arcouest, soit à cause de la brume, mais aussi parce qu’il fait nuit noire. Parfois même, l’arrivée se fait au port de Paimpol, heureusement le bus scolaire sait où les trouver ! Ils sont entre 15 et 20 ados à se retrouver confrontés à ces aléas climatiques, un quotidien qui les rend plus solidaires. Les plus forts tiennent les plus légers sur la cale les jours de tempête, comme une grande famille où Bréhat serait leur chez eux.
Alors lorsque je les questionne sur ce qu’ils pensent de la vie sur l’île en saison, ils sont unanimes :
« il y a trop de touristes à la journée, je suis embêtée pour me déplacer dans les rues »
« c’est cool, mais c’est chiant en même temps certains nous font des histoires et d’autres sont sympas, on peut se faire des potes »
« certains résidents secondaires se croient chez eux quand ils arrivent à Bréhat, ils monopolisent les terrains de sport »
« les touristes à la journée sont trop nombreux, mais ça fait marcher les commerces »
« parfois on nous pose trop de questions sur l’île et sur notre façon de vivre »
« le tourisme, c’est bien pour les commerces mais ça nous envahit »
Ces paroles sont le reflet de la vie sur Bréhat, l’été vu par leurs yeux de gamins, on ne peut pas leur en vouloir de trouver difficile cette si grande différence entre leur vie de l’hiver et celle de l’été.
Cette année ils ont été nombreux à jouer au foot au club de Ploubazlanec, que l’on remercie de sa disponibilité pour accepter des entraînements selon les heures de vedettes et parfois des modifications négociées avec les autres clubs pour que l’on n’ait pas à prendre un bateau à 11h15 pour un match à 14h . Mais pour chaque classe d’âge ils ne sont pas assez nombreux, ce qui fait que sur l’île les entraînements ne sont pas efficaces, entre 8 ans et 15 ans on ne joue pas au foot de la même manière. Là encore, nous ne pouvons que déplorer le manque de nouvelles familles à pouvoir s’installer sur l’île.
Je souhaite terminer cet article sur une note positive, en remerciant Yves, notre docteur, qui fait profiter aux enfants de ses talents d’entraîneur. Chaque dimanche il est présent, il les motive et les encourage, malgré la fatigue de la semaine ou le manque de motivation de certains, il est toujours là. Il nous faudra réfléchir ensemble sur une nouvelle formule pour la saison prochaine.