Une activité économique permanente est possible mais il faut une volonté municipale sans faille.
Vendredi 29 septembre, juste avant l’ouverture du festival des insulaires, l’Association des Îles du Ponant, a présenté le logo qui permet de mettre en valeur les produits de chaque île membre. Bréhat disposera du logo personnalisé tel que présenté sur la photo ci-dessous.
Cet événement nous amène à réfléchir au développement économique de notre île. Nous nous sommes demandé s’il n’y avait pas moyen de dépasser la simple activité touristique, extrêmement saisonnière, et de développer une activité permanente qui assurerait du travail à l’année à de nombreux habitants de la commune.
Le tourisme restera pour Bréhat une ressource importante. Cependant, ce constat d’évidence n’exclut pas d’autres pistes de développement économique.
Nous inspirons notre réflexion de la dynamique qui semble ces derniers temps animer l’île. En effet de nouveaux arrivants, mais aussi des bréhatins de toujours ou des habitants installés depuis quelques années déjà, des associations font fleurir les initiatives et l’activité dans différents secteurs. Nous avons choisi de nous pencher dans ce dossier sur 5 d’entre eux, dont nous estimons qu’ils représentent aujourd’hui un potentiel de développement significatif.
- L’agriculture :
Activité historique de notre île, nous l’entendons ici au sens large, incluant le maraîchage, l’élevage, l’horticulture, l’arboriculture et le paysagisme. La terre et le climat bréhatins sont propices à ces différentes activités. Dans ce numéro nous vous proposons de prendre connaissance des problématiques et des pistes de développement envisagées par ceux qui pratiquent, au quotidien à Bréhat, l’un ou l’autre de ces métiers. Vous pourrez ainsi lire les témoignages et analyses qu’ont bien voulu nous confier François Le Tronc et Marion Regler maraîchers, Laurence et Charles Blasco pépiniéristes, et Yves Petitbon, paysagiste.
- L’artisanat :
C’est un secteur d’activité fortement représenté sur l’île, si l’on prend en compte les artisans inscrits au répertoire des métiers et les personnes qui ont choisi de travailler sous le statut de micro-entreprise ou auto-entrepreneur, dans le bâtiment en particulier. Que ce soit dans la maçonnerie, la plomberie, le carrelage, l’électricité, la menuiserie, etc., le marché est porteur, et l’offre globale de nos professionnels ne couvre pas la demande. Nous nous pencherons dans ce dossier sur les moyens à mettre en œuvre pour mieux soutenir et accompagner la création et le développement de ces entreprises, quelle que soit leur structure.
- L’art et l’artisanat d’art :
Notre île peut-être fière d’avoir, par le passé et encore aujourd’hui, inspiré et accueilli de nombreux artistes: peintres, sculpteurs, écrivains, comédiens, chanteurs… et fait naître des vocations. Nous reviendrons très largement sur ce sujet dans un prochain numéro. Ils offrent à chacun d’entre nous la possibilité de s’enrichir de la multiplicité et de la diversité de leurs talents.
Les artisans d’art représentés ici par les Verreries de Bréhat et par Just Glass it ont su allier créativité et production, en ce sens ils ont toute leur place au sein de notre commune et de son économie. Ils participent au rayonnement de l’endroit où nous vivons. Nous pourrions réfléchir ensemble aux moyens de donner à d’autres l’envie de venir s’installer à Bréhat, d’y apporter leurs savoirs-faire et leurs talents. Mais surtout, il nous paraît essentiel d’apprendre à mettre en valeur ces richesses, à les faire vivre ici et ailleurs par le biais d’initiatives culturelles (expositions, concerts, spectacles, lectures, etc).
- Les services à la personne ou aux biens :
Le vieillissement de la population et les politiques publiques de maintien des personnes âgées à domicile créent un besoin d’accompagnement (courses, ménage, repas, secrétariat ou tout simplement compagnie et échange) et de soins (toilettes, aide au coucher ou au lever) important partout en France mais également sur l’île, où les personnes peuvent être isolées, éloignées du Bourg ou dans l’impossibilité de se déplacer. Le nombre d’enfants en bas âge est peu élevé sur l’île, cela rend difficile la mise en place d’une structure d’accueil collectif. Toutefois, il y a toujours des petits pour lesquels les parents cherchent des solutions de garde, le besoin d’assistante maternelle agréée est constant. Le secteur du service à la personne est déséquilibré, la demande est plus importante que l’offre.
A cela s’ajoute à Bréhat une importante demande concernant le gardiennage, le ménage, la prise en charge du linge et la gestion des locations pour les maisons. Ce marché est porteur et suppose une main d’œuvre importante.
- L’innovation et le numérique :
Nous vivons dans un site magnifique et attractif en hiver comme en été. Le cadre de vie, le rythme et la qualité de vie dont nous bénéficions sont autant d’atouts dont nous devons prendre conscience et que nous pouvons valoriser tout en les respectant. Des entreprises innovantes telles que le centre de développement personnel Sémaphorus crée par Véronique sont à inventer pour répondre aux besoins croissants des citadins de se ressourcer, de trouver des lieux et des activités qui les ramènent à la nature, à l’essentiel et à l’authenticité. Il y a dans ce secteur un potentiel important de développement économique.
Nous vivons dans un endroit à part, pour autant nous vivons au cœur de notre époque, celle du numérique. Grâce à une bonne couverture réseau, à un accès facile à internet, au développement des moyens de communications à distance et à la diversité des outils de dématérialisation, le télé-travail y est possible. Il permet d’offrir de nouvelles perspectives professionnelles à ses habitants.
Les pistes sont nombreuses et l’avenir riche de possibilités, nous en sommes convaincus. Nous pensons cependant que les initiatives individuelles ou collectives ne peuvent aboutir, donner naissance à des projets concrets, à des emplois viables et à une activité économique pérenne que si elles sont soutenues par une municipalité engagée dans le sens du développement. Une municipalité qui accompagne, encourage, assiste les acteurs économiques présents et à venir.
Trois axes nous paraissent, à ce titre, essentiels :
Le premier suppose une action municipale forte sur le foncier agricole. Elle doit permettre aux agriculteurs en devenir de trouver les terres qu’il leur faut. L’activité de l’association Fert’ile va dans ce sens. Elle devrait être épaulée de façon permanente par la municipalité.
Le deuxième concerne la construction de locaux professionnels qui devraient, comme la loi le prévoit, être mis à disposition des entrepreneurs du secteur artisanal ou dans le domaine du numérique sous la forme d’un espace de co-working.
Le dernier axe est la création de logements pour accueillir les nouveaux arrivants ou maintenir les jeunes qui veulent rester sur l’île pour y travailler et fonder une famille. Tous n’ont pas forcément, ni le désir, ni les moyens d’acheter une maison quand on sait les prix pratiqués sur notre commune. C’est un axe prioritaire. Nous ferons un dossier complet sur ce sujet dans le numéro 5 de notre journal.
On le voit l’action municipale sera déterminante et il faut une volonté forte.
Par Danouchka Prigent et Henri Simon, conseillers municipaux