Il n’y a pas assez de toilettes publiques sur notre commune pendant la saison touristique en été. Il est temps d’en construire, quitte à en installer des provisoires pendant la période estivale.
Par François Yves Le Thomas et PHIL
Imaginez……imaginez une petite île paradisiaque ou fleurissent aeomiums, echiums, agapanthes et autres géraniums, une petite île ou persil sauvage et mâche tapissent tendrement les murs et les sentiers étroits les bourdons eux virevoltent de l’arum d’Éthiopie aux fushias, se prélassent au cœur du doux orangé de la fleur d’eucalyptus.
Quelle flagrance, quelle flaveur ! Ah ce doux parfum d’iode et d’exotisme …… !
« Mais … !! ça sent la merde ! » me dit mon père.
En effet, et c’est un fait avéré, car fleurissent aussi à l’ombre de nos vertes fougères quelques milliers de petites protubérances douteuses et malodorantes issues de la flore intestinale de nos chers visiteurs estivaux. Car il ne faut pas se mentir, acculé par une envie pressante, le touriste n’a qu’une seule issue : chier dans la nature !
De la chaise de Renan à la cale Schmitt, du paon au moulin du nord ; du Birlot à la cale du Goaréva se développe un pernicieux ennemi. L’étron cosmopolite. Ce dernier, élégamment escorté de ses origamis allant du rose tendre au blanc éclatant oblige à regarder où l’on met les pieds au détriment de la découverte des splendeurs improbables du site. Que raconterai-je à d’attentifs amoureux de la nature lorsque je leur conterai ma petite intrusion en ce doux paradis ? (-va voir sur internet, ils ont fait de belles photos !!!)
L’exploitation du tourisme demande-t-elle que l’on oublie la décence, le respect que l’on doit à ce petit bout de terre qui nous porte ? Le botaniste curieux s’attardera-t-il sur les diverses compositions du nouvel envahisseur ? L’échantillon présent est-il plutôt choucroute ou paella, hamburger ou foie gras poêlé ? Que fait-on des principes généraux du droit de l’environnement ? Où se les met-on si j’ose dire (oui, j’ose).
Michel Barnier, né à la Tranche ne s’est pas, lui, mis la tête dans le sable en proposant une loi sous le gouvernement Fillon (n’y voyez pas de rapport).
Les principes d’action préventives, de précaution, de participation ou de pollueur-payeur n’ont pas été adoptés pour faire joli ou justifier un marocain (j’avais oublié le couscous). John Harrington n’est pas venu au monde pour rien. Ilien d’outre manche, il inventa la chasse d’eau au 16eme siècle.
Si d’aventure on rapproche la clairvoyance de Barnier et le génie d’Harrington, on obtient la solution. Le principe de précaution nous laisse présager l’avenir sanitaire de notre patrimoine et engendre ses petits frères, les principes d’action préventive et de participation. Ceux-ci qui en apparence n’ont toujours pas grandi sur la commune de Bréhat, devraient pourtant nous pousser à instaurer une signalétique sanitaire adéquate. Tout cela pour nous ramener à ce monsieur Harrigton et sa fameuse invention : Les TOILETTES !
D’aucuns diront que la construction d’édifices spécialisés voués à notre problème ne serait pas d’une élégance notoire. Qu’ils se rassurent on arrive bien à cacher sa honte. Je crois qu’avec quelque imagination, l’adaptation à l’environnement de sanitaires implantés ponctuellement et temporairement peut très bien se réaliser. Car qui pour finir, incarne le pollueur-payeur ? Le touriste et sa corne d’abondance ?
Nous sommes tous responsables. Le pouvoir public n’a que le pouvoir qu’on lui prête. Une population déterminée à faire évoluer ce « prêt », cette caution décisionnelle décide de son avenir, et justement parlons d’avenir, septembre 2017 sera la fête de beaucoup d’iliens. Espérons donc que la logique de la digestion ne soit pas aussi problématique qu’un plan de table de sommités.
Bréhat est belle, elle n’a pas besoin de maquillage. Arrêtons de constater et assumons ce que l’on aime.