La gestion des ordures ménagères : un système en fin de vie

La presse qui est utilisée pour mettre nos ordures ménagères en balles est un système qui est obsolète, devenu polluant et s’avère dangereux pour les agents qui l’utilisent. Il faut la changer rapidement !!!

Par Danouchka Prigent et Henri Simon, conseillers municipaux

Porte presse

Le magazine « La vie » publie tous les ans un palmarès de l’écologie en France qui classe, en matière d’écologie, chaque département en fonction de toute une série de critères environnementaux. Il fait également des classements thématiques. Les Côtes d’Armor sont classées dans le palmarès 2016 pour le traitement des ordures, notamment ménagères, premier ex aequo avec la Sarthe. Ben voilà une bonne nouvelle. Mais cette bonne nouvelle n’est certainement pas due au traitement des déchets existant à Bréhat.
Car la gestion de nos ordures ménagères est plus que problématique. La situation actuelle résulte sûrement de son histoire mais aussi d’un manque cruel de volonté municipale en la matière.

Reprenons l’histoire.

En 2002 nos ordures ménagères étaient brûlées dans un incinérateur à ciel ouvert. Ce système était contraire à la réglementation. Cette année là, le préfet a mis la commune en demeure de cesser d’utiliser cette technique pour la remplacer par autre chose. En juillet, le préfet a mis clairement la commune au pied du mur, l’incinération devait avoir cessé à l’été 2003. Le choix fut fait, lors du conseil municipal d’août 2002, de mettre en place un système de balles stockées et expédiées sur le continent à un rythme régulier pour assurer leur traitement. Mais le choix fut âprement discuté, car l’opposition de l’époque souhaitait un système à flux tendu sans stockage. Le conseil municipal décida d’installer la presse sur le même site, dans l’ile nord, que l’incinérateur.
Malgré les délais légaux liés aux différentes procédures administratives, il fallait faire vite. Grace à la ténacité du maire de l’époque (Yvon Collin), qui a trouvé une presse d’occasion, le pari fut tenu. Par un arrêté du 16 janvier 2003, le préfet a autorisé la commune à exploiter la presse (dit centre de transfert des ordures ménagères) et, pendant l’été 2003, les ordures ménagères furent mises en balles et envoyées sur le continent.

Aujourd’hui, pourtant, ce système a mal vieilli. C’est un système obsolète, polluant et dangereux.

C’est un système obsolète. Il souffre d’un manque d’entretien du fait de l’exiguïté des locaux (la presse est trop grande pour le bâtiment) ce qui empêche de faire un entretien complet. La complexité de la machine est également un frein. De plus, la machine est surdimensionnée par rapport à nos besoins. La vétusté de l’ensemble doit être signalée. (Voir l’interview de Jean-Pierre Bocher, ancien premier adjoint.) Tout cela en fait un système en fin de vie qu’il faut impérativement remplacer. D’ailleurs, par un arrêté du 23 août 2013, le préfet a mis la commune en demeure de respecter la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement. (Réglementation qui s’applique à notre presse.)

C’est aussi un système polluant, car il dégage des jus, appelés lixiviat. Ces jus résultent, d’une part, du pressage et, d’autre part, du stockage des déchets qui fermentent ; l’odeur est infernale en été.
Or ces lixiviats ne sont récupérés qu’à environ 75 % pour être traité sur le continent. Le reste part dans la nature.

C’est un système dangereux, car les agents qui travaillent sur ce site évoluent dans un environnement périlleux. Nous ne parlons même pas de l’aspect psychologique d’un tel travail, mais surtout des risques électriques, de chute et d’accident divers auxquels ils sont confrontés. Le bâtiment est en très mauvais état et les conditions de travail sont difficiles. Les normes du code du travail, qui s’appliquent à ce genre d’activité, sont totalement ignorées. Ainsi, par exemple, la ventilation n’est absolument pas adaptée à cette activité, les sanitaires sont juste insalubres.

Ce constat n’est, pourtant, pas récent. Il a déjà été fait par Jean-Pierre Bocher sous le précédent mandat. L’arrêté du préfet de 2013 le prouve.

Rien pourtant n’a vraiment changé.
Il est vrai que quelques efforts ont été faits. Il faut saluer sur ce point le travail du responsable des équipes qui arrive, en organisant le mieux possible le travail, à, au moins, limiter les risques pour nos agents. Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre option que de changer la presse. Il faut trouver une solution qui soit, enfin, durable.

Quelle solution peut-on adopter ?

Il faut, tout d’abord, intégrer le fait qu’il n’est pas possible de traiter les déchets sur place. Vu les normes en vigueur, le coût en serait prohibitif. La seule possibilité est donc le transport des déchets sur le continent pour assurer leur traitement.
Ensuite, on ne peut oublier que la gestion de nos ordures ménagères est liée au transport terrestre et maritime des balles. A l’heure actuelle, le processus est plus que fragile. C’est la barge qui assure le transport sur mer et les agents communaux qui assument le transport sur terre. Or le transport sera conditionné par le système de mise en balles ou de conteneurs qui sera choisi. Des systèmes performants existent, mais il faudra prévoir le transport adéquat.
Enfin, il faut réfléchir à d’autres systèmes comme le recours à des conteneurs dédiés qui auront l’avantage d’être étanches. (Système adopté à Batz, nous y reviendrons.)

La réflexion doit aussi intégrer le site de mise en balles ou en conteneurs. Le site actuel est-il le bon ? Ne vaudrait-il pas mieux le transférer à Chicago ? Cela éviterait le transport terrestre puisque nous sommes en bord de mer, mais poserait des problèmes vu l’histoire de ce lieu. Comme on le voit des solutions existent,

Mais ce qui pose vraiment problème dans cette affaire c’est l’absence de projet de la municipalité. Rien. Si ce n’est quelques réflexions peu élaborées.
(La commission environnement a peut-être un projet mais comme il est secret, pour nous, il ne compte pas.)
Depuis le début de ce mandat, presque trois ans maintenant, à chaque budget une ligne budgétaire d’investissement pour les ordures ménagères a été prévue, en 2014, 2015 et 2016. Et pourtant rien n’est fait pour la presse ou si peu.

Ce qui est certain c’est que lors de la discussion budgétaire pour l’année 2017, si la municipalité ne nous présente pas un projet a minima abouti de remplacement de la presse, nous, l’opposition, voterons contre le budget des ordures ménagères.

Toutes les photos publiées dans ce journal et sur notre site internet ont été réalisées par Danouchka Prigent et Henri Simon, sans l’aide ni l’autorisation des agents communaux. Nous tenions à préciser ce point.
Pour d’autres images, rendez-vous dans l’article suivant.