La gestion des ordures ménagères

Tentons de limiter la production de nos déchets

Le projet de la municipalité semble incompatible avec la réglementation qui va s’appliquer dans les prochaines années. René Boué nous explique pourquoi. Il nous dit que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas.


La gestion des ordures ménagères à Bréhat est source de conflit. Une nouvelle procédure, cette fois administrative, est engagée contre la municipalité par l’association « Corderie poubelle » pour contester le passage en force à laquelle la municipalité est entrain de procéder à la Corderie. En effet tout ce qui est entrain d’être construit n’a jamais été soumis au débat. Aucune information précise n’est communiquée par la municipalité aux habitants.
Or pour régler le problème des déchets il faudrait enfin aborder la question de façon plus globale. René Boué a tenté de le faire sans être entendu pendant plus de 10 mois.
Nous avons décidé de donner, à nouveau, la parole à René Boué sur ce sujet compte tenu de ses compétences professionnelles.


René Boué
René Boué

Bréhat murmure : La presse à ordures ménagères est tombée en panne depuis l’été. Que cela t’inspires-t-il ?

René Boué :
Cela devait arriver tôt ou tard. C’est ce que j’annonçai. J’en ai déjà parlé dans mes courriers du 19 Mai 2018, et confirmé le 17 Août dernier. Mais il faut préciser que ce n’est pas la presse qui a lâché, mais le grappin d’alimentation de la trémie, survivant de l’ancienne installation de l’incinérateur, et vieux de plus de 35 ans.

BM : Que faut-il faire de la presse maintenant?

René Boué : Il est bien entendu que l’époque des ‘’BALLES PUANTES’’ est révolue.
Cette presse COPEX a coûté un certain prix à la collectivité. A part le soubassement, complètement corrodé par le manque d’entretien, elle reste techniquement valable et fiable, quoiqu’en dise la mairie. Le caisson de compaction est, en particulier, en excellent état. Elle peut encore rendre de grands services, après révision et automatisation avec fosse, tapis roulant d’alimentation, en compactant les Matières diverses, telles que refus d’O.M., cartons, papiers, journaux, revues, tous plastiques : bouteilles, emballages, polystyrènes ; même vélos et menues ferrailles, etc…
Il reste donc essentiel de demander au constructeur COPEX une expertise technique sérieuse avant de la mettre à la ferraille, comme semble le préconiser la municipalité.
Si elle reste dans l’état actuel, sans compactage, ne serait-ce que même partiel, elle va irrémédiablement être inutilisable, sans possibilité de réemploi ni de revente. Ce serait bien dommage !

 

BM : C’est peut être l’occasion de changer complètement le système de traitement des déchets?

René Boué : Oui c’est une opportunité, mais il faut nous inscrire, dans le choix politique futur d’une nouvelle filière définitive et durable du traitement de nos déchets, dans le cadre de la nouvelle réglementation à savoir l’article L. 541 du code de l’environnement et les directives européennes.
Pourtant il est surprenant que cette nouvelle réglementation ne soit pas évoquée dans le document de synthèse : « PROBLÉMATIQUE DE LA GESTION ET DU TRAITEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES » réalisé par la commission environnement et sécurité, règlementation et ports communaux datée d’octobre 2017.
Je rappelle que cette étude est supposée être à la base du nouveau projet de la municipalité de traitement de nos ordures ménagères, à côté de la déchetterie, qui a été voté le 27 Octobre 2017. L’étude et la mise à terme ont été confiées au cabinet TPfi et votées le 09 Juin 2018, pour la somme de 198 000 Euros (hors travaux). Le thème majeur de cette nouvelle règlementation est le BIO-DÉCHET, et ce mot, capital, ne figure dans aucun des documents ni P.V. des réunions du Conseil Municipal. Or selon la municipalité le nouveau projet, prétend régler définitivement la gestion de nos déchets et ordures ménagères. Or comment peut-on établir ce nouveau projet sans considérer cette nouvelle réglementation qui a force de loi et qui va changer fondamentalement notre mode actuel de traitement des déchets ? Ma conclusion est que le projet, engagé par la municipalité n’est pas le bon. Et surtout, la commune a engagé nos dépenses publiques pour de nombreuses années pour une issue incertaine. Il a été mis en place avec l’appui intéressé du SMITRED, sans consulter les administrés, sans organiser une réunion publique. Or le nombre des participants, 90 personnes, à la réunion publique du 18 aout 2018 organisée par Danouchka Prigent et Henri Simon sur la gestion des déchets de BREHAT indique bien l’intérêt des habitants pour ce type de réunion.

La déchetterie est une réussite Reste à trouver une organisation optimum.
La déchetterie est une réussite
Reste à trouver une organisation optimum.

BM : Donc, à ton avis, le projet de la municipalité n’est pas adapté ?

René Boué : Bien sur que non et il est voué à l’échec.
Le projet de la commune prévoit deux caissons de compaction à poste pour charger les Ampli Rolls. Je pense qu’un seul suffirait (comme à l’ile de Batz), compte tenu de nos tonnages, avec une rotation de remplissage plus fréquente des caissons Ampli roll.
On va traiter les bio-déchets avec ce système de compaction. Or la charge en eau des BIO-DÊCHETS est d’environ 60 à 80 %, pour une densité au moins égale à 1 (les bio-déchets jetés dans l’eau tombent au fond) Ce qui ne justifie aucune compaction.
Alors que la municipalité se dirige vers un système double de compaction estimé à 0,4 de densité (valable seulement pour les O.M). Cela va dégager environ 30 à 40 000litres de jus (lexiviats) dans le cas des bio-Déchets, soit plus du double de ceux que produisait la presse actuelle ! Bref on va donc se retrouver avec deux procédés en présence :
-Celui de la loi qu’il faudra bien appliquer : Bio-déchets (150/160 Tonnes /an), à impérativement valoriser, qui ne pourront ni être compactés ni être incinérés.
-Le projet de la municipalité et le SMITRED de deux caissons compacteurs dont le tonnage 70/80 Tonnes/an sera trop bien faible pour une installation de ces 2 caissons.

Bref une incompatibilité totale entre les deux systèmes.

 

BM : Que faire alors ?

René Boué : La solution, c’est le tri à la source et la valorisation. Il nous faut, hélas, bien le reconnaître, et cela nous est confirmé par tous nos visiteurs, le tri sur notre île reste embryonnaire et est pratiquement inexistant. Or le maire a préconisé le tri en Aval sur un certain journal ?… il est abandonné depuis plus de 20 ans en France !
Parlons plutôt de tri à la source ou de tri en amont ! Tout reste donc à faire dans ce domaine. Ce n’est pas les quelques affiches présentes au Bourg qui suffiront.
Où sont nos poubelles jaunes à nos points de collecte, celles qui sont supposées rapporter le plus d’argent à la commune, par la revente des matériaux ? Rien à dire sur les containers canettes et verre qui remplissent allègrement leur rôle et justifient pleinement leur présence….
De plus nous allons nous retrouver, dans quelques mois, avec 140/160Tonnes de BIO-DÉCHETS sur les bras, que nous devrons obligatoirement valoriser par compostage, c’est ce que dit la loi:
– soit par compostage individuel de proximité (jardins), sans aucune charge pour la commune ni les administrés), solution hygiénique naturelle, la plus sure, la plus économique pour la collectivité, (sans aucun coût de collecte ni de transport), que je préconise. Il serait bon de favoriser ceux qui compostent par une réduction de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères qui serait transformée en redevance.
– soit par collecte communale séparée de ces bio-déchets, c’est-à-dire : collecte supplémentaire bio-déchets, avec bac spécial de dépôt chez l’habitant, bennes adaptées, stockage, transport Bréhat, transport maritime et transport continent, traitement de valorisation (compostage) sur le continent, dans la mesure où, nous ne disposons pas sur l’ile de d’installation de traitement propre, ni en particulier de plate-forme de compostage, difficile à justifier compte-tenu de la faible quantité à valoriser. Solution très coûteuse pour tous.
Bref il faut s’évertuer à transformer le plus de déchets possibles en matière première. Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas.