La création des logements nécessaires pour vivre à Bréhat est possible. Mais il faut une volonté politique déterminée.
Dans le numéro 4 de Bréhat murmure, paru en novembre, nous avons proposé un dossier complet et notre réflexion sur le développement économique à l’année de notre commune. Nous avons vu que de nombreuses possibilités existaient. Mais il est aussi clairement apparu au cours de notre étude que le manque de logement pour les résidents permanents est un problème essentiel à résoudre pour stabiliser et augmenter la population en vue de développer une activité pérenne et non saisonnière sur notre île.
Dans le présent numéro nous aborderons cette thématique du logement.
Nous commencerons par trois constats :
1/ Selon l’INSEE, 80% des logements à Bréhat sont des résidences secondaires. Et la tendance va dans le sens d’une augmentation, dans ce ratio, de ce type de résidences.
2/ Le prix de l’immobilier est élevé dans notre commune. Le prix moyen au m2 en Bretagne est de 1686 euros/m2 (1464 euros dans le 22) alors que sur notre île le prix est au minimum de 2300 euros/m2. Certaines maisons se vendant à plus de 5000 euros/m2. Ce différentiel de prix est facilement explicable par la situation privilégiée de Bréhat.
3/ Selon le dernier recensement, la population permanente est en baisse constante depuis plus de 20 ans.
Cette situation est assez classique dans les communes à fort potentiel touristique. Elle impose une politique extrêmement volontariste de la municipalité qui aurait pour objectif de favoriser le logement des personnes qui s’installent sur l’île ou d’enfants d’îliens qui souhaitent y rester pour fonder une famille, y vivre et y travailler. Ces familles participeront nécessairement au développement économique de notre commune et assureront le maintien des services publics, de l’école pour prendre l’exemple le plus parlant.
Cette politique pourrait se décliner autour de plusieurs axes complémentaires :
Le premier axe : la construction ou la réhabilitation du parc immobilier de la commune pour en faire des logements sociaux. Il est possible de faire appel à un organisme spécialisé type HLM. Nous pensons, cependant, qu’il serait plus efficace que la commune ait une maitrise complète de ces logements sociaux. L’appel à un tel organisme extérieur ne nous parait pas pertinent.
Le deuxième axe : Le développement d’un parc locatif à l’année constitué de logements qui ne sont pas à vocation sociale. Cette mise à disposition pourrait être envisagée soit par la construction de nouveaux bâtiments, soit par la réhabilitation de bâtiments anciens ou soit par l’incitation de propriétaires privés à mettre en location. Cette démarche est essentielle car elle vise un public qui n’a pas accès aux
logements sociaux du fait de revenus au dessus des plafonds mais qui n’est pour autant pas en mesure d’investir dans l’immobilier au prix du marché sur l’île.
Le troisième axe : assurer la création, par délibération du conseil municipal, d’un droit de préemption urbain (DPU) sur tout le territoire de la commune par application de l’article L.211-1 du code de l’urbanisme. La commune aurait, ainsi, la possibilité de préempter certains bâtiments en vente pour accroitre son patrimoine afin de le louer à l’année.
Le quatrième axe : favoriser l’accession à la propriété à des tarifs préférentiels pour des personnes qui s’engagent à rester vivre et travailler dans la commune. Il existe des moyens juridiques pour empêcher que le nouveau propriétaire ne vende, à terme, son bien à un résident secondaire.
Ces quatre axes sont nécessairement complémentaires et peuvent s’articuler.
Immanquablement la question financière va se poser. Certains membres de la majorité actuelle vous diront que la commune n’aurait pas les moyens d’une telle politique. Si on se limite à la dimension comptable, ce raisonnement est pertinent.
Cependant, dans le cadre d’une conception plus politique et stratégique cet argument tombe assez rapidement. En effet il existe des moyens juridiques et des montages financiers qui permettent de solliciter les investisseurs privés afin qu’ils s’engagent, aux côtés de la commune, dans une telle démarche. Un de ces moyens serait la création d’une société d’économie mixte. C’est une société dont le capital est constitué de fonds publics apportés par la commune et de fonds privés apportés par des personnes physiques ou des sociétés. Les statuts prévoiraient des clauses permettant à la commune de garder le contrôle de cette société tout en assurant aux actionnaires privés de toucher de confortables dividendes.
Pour un agent économique ayant les moyens d’investir dans l’immobilier, un investissement à Bréhat n’est pas des moins intéressants.
Dans l’article suivant, Olivier Carre, expose en détail les possibilités financières qui pourraient être mises en œuvre.
L’argument financier n’est donc pas pertinent et ne vise qu’à justifier une inaction municipale dans ce domaine.
Comme on le voit des moyens existent pour créer un nombre de logements suffisants. Le tout est une question de volonté politique.
Par Danouchka Prigent et Henri Simon, conseillers municipaux