Murmure humour

Les aventures imaginaires de Mme Le Turf, habitante de Bréhat
Tout est imaginaire – Enfin peut être !

Mme Le Turf :
-Et les patins, Jean-Claude, c’est fait pour qui ? ça fait depuis l’automne que tu rentres comme ça du travail, et sans t’essuyer les pieds; T’as pas vu le temps que ça me prend, à moi, à cirer ? T’aurais encore un travail de fonctionnaire, je dis pas, mais là, cette boue des autres que tu me rapportes tous les jours, il y a de l’abus, tout de même, t’es là, gâté, et tu te rends compte de rien !!! C’est que j’ai plus vingt ans tout de même !!
Elle reprend son repassage en bougonnant

Jean Claude Le Turf :
– Maman, justement….

– Justement quoi, qu’il va me dire, que t’es fatigué, mais moi alors !! Arrête de le servir, qu’elles disent mes voisines, (surtout celle de gauche,) tu vois bien qu’il profite de toi, arrête avec ça, t’es encore jeune Eliane, tu peux encore plaire, va pas te transformer en servante tout de même.
Jean- Claude est blême :

– Maman, justement, c’est que Maman, justement, je voulais te parler…
Il a un ton cassé, inhabituel, tel que Madame Le Turf en oublie cire et grattoir.

– Oui ????
– Depuis que t’es de retour des îles je sens bien que j’suis de trop; Attends te fâche donc pas, j’ai rien contre ton Mario. Seulement… seulement, je me sens de trop…
– Mais qu’est-ce que tu nous fais là, Jean- Claude ! Je ne parle que de patins !!
– Pas moi, maman, je voulais te dire… Je voulais simplement te dire, que j’ai autre chose
– Autre chose ???
– Je veux un logement à moi, Maman,
– T’as vu les prix, mais, mon Jean- Claude, t’es pas bien, et comment que tu vas….
– J’ai un bon copain au Syndicat, maman..
– Quoi, mais t’ as pensé à ce qu’il aurait dit, ton Père ? Au Syndicat ! AU SYNDICAT!!! y’a pas à hésiter, Jean- Claude, deux solutions, ou tu demandes un HLM, mais tu sais bien que les places sont chères ! Ca fait des années que les conseillers, -depuis bien quarante ans- ils en parlent, mais RIEN ; Pas de place, pas d ‘endroit….
– Mais mon copain Gérard, il m’avait dit que c’était en discussion à la Mairie, et que..
-Mais tu me coupes tout le temps la parole ! T’ es comme ton Père, pas moyen de finir ma phrase ! Tu m’écoutes ??? Alors je dis que d’une part ton Gérard il est pas au conseil, et que comme sa mère elle se fâche avec tout le monde, elle sait rien du tout de ce qui se passe là- dedans, et que d’autre part, comme t’as l’air d’être pressé de me quitter
Elle baisse le ton, renifle de façon saccadée.
-Mais Maman ! C’est toi qui m’en parlais ! va pas nous faire un drame !»
Silence, elle reprend son repassage
-Donc, je te disais, rien à en attendre, de tes H.L.M…….mais, j’y pense d’un coup,
Elle pose brusquement son fer…
– Quoi donc ? »
– Je veux pas te réjouir pour rien, mais ton Oncle Yvon…lui qui t’a presque élevé, tu sais bien quoi, quand j’étais si seule, lui qui est à Paimpol maintenant, et que je vais voir tous les Lundis…
– Et alors ? Il y a quoi ?
– T’énerve donc pas comme ça ! Il y a, il y a, mon garçon, il y a qu’il t’aime bien, et qu’il pourra plus revenir ici, et qu’il m’a toujours dit : « Pour le Petit, ne t’en fais pas je ferai quelque chose… », et moi si je lui demande son ancienne bergerie à retaper, c’est sûr que ce sera oui, et avec le terrain autour, tu serais comme un pape, et tes copains, ils t’aideront bien à tout remonter, toi qu’es capable comme tout quand tu veux…. Ah les touristes ils te l’envieront, ta maison ! Et pense bien que pour les autres c’est encore plus difficile de se loger ! Toi tu as des appuis, t’as une mère qui t’aide, tout de même. Et puis t’es du pays, pis t’as pas encore d’enfants (ah non là c’est pas ça que je voulais dire)… Et puis je pourrai venir quand je voudrais, et je te ferai tes parquets ! Tu vois c’était pas plus dur que ça ! Tu te noies toujours dans un verre d’eau ! Heureusement, elle est là ta mère et c’est elle qui trouve les solutions, même si, au départ, on peut bien le dire :

Ah, on est pas aidé ! Pour ça non, on n’est pas aidé !!