L’entretien des chemins de l’île devrait être une priorité pour la municipalité
François-Yves Le Thomas
Lorsqu’on parle de Bréhat, on évoque tout de suite le charme des sentiers de l’île, que l’on parcourt en admirant la faune et la flore qui en parsèment et en peuplent les abords.
Mais hélas! Aujourd’hui ils ont bien triste mine ces sentiers dont nous avons été si fiers et que nous avons vantés partout, dans les brochures et les guides, à la télévision … défoncés, ravinés, ils ne sont pas beaux à voir…
Pourtant il existe des mesures concrètes, de simple bon sens et faciles à mettre en œuvre, dont nous proposons ici quelques exemples.
Il y a plus de cent ans, Edmond Haraucourt, choqué de voir des entrepreneurs spolier les paysages en entamant les rochers de l’île, lança une campagne de presse, bientôt relayée par le Préfet, avant d’aider à la rédaction d’une proposition de loi. C’est à cette saine colère que l’on doit le classement de l’île de Bréhat, grâce à la loi du 13 juillet 1907 qui en fit le 1° site officiellement classé comme « naturel protégé ». Une plaque nous le rappelle dans la côte du Pors-clos.
Qu’avons-nous appris depuis? En 2018, les sentiers des douaniers, les chemins côtiers sont dans un état lamentable et présentent un pitoyable aspect d’abandon. Le chemin menant au phare du Paon (ou Penn) est complètement défoncé, raviné, ensablé, sans plus aucune trace de végétation. Les guérites des douaniers, précieux éléments du patrimoine bâti de l’île, ni protégées, ni mises en valeur, servent de latrines.
Comment peut-on se contenter de ne rien faire en s’excusant du fait que l’île accueille près de 300 000 visiteurs chaque année et que près du tiers d’entre eux se rend au Paon ?
Ces touristes vont et viennent… ils marchent, courent, gambadent, piétinent… En plus de cette surconsommation de l’espace, d’autres évolutions techniques participent à aggraver la situation. Des vélos auxquels sont accrochées des carrioles permettent d’atteindre les grèves du Groa, des vélos à assistance électrique apportent plus de facilités pour parcourir les ultimes mètres vers le Paon, ou de grimper jusqu’aux abords de la Chaise de Renan… et le sentier des douaniers menant du Groa à la Chaise de Renan est aujourd’hui complètement effondré, sans que l’érosion maritime en soit la cause unique et principale.
Cherchons l’erreur !
La municipalité a installé, par acquit de conscience, des barrières et des parkings à vélos qui dissuadent peu de les contourner les multiples indisciplinés aux comportements inciviques.
La proposition du Conservatoire du littoral n’ayant pas été retenue, il est urgent d’envisager d’autres solutions.
Cela pourrait être tout d’abord de canaliser les piétons sur des sentiers balisés, en leur déconseillant (voire interdisant) l’usage de ces bâtons de marche à embouts pointus, qui arrachent la terre et les végétaux.
Autre moyen pour reconquérir nos sentiers: les replanter avec de la végétation sauvage, et dériver la circulation sur d’autres chemins, le temps que la régénération s’opère. Il ne s’agit pas seulement de déplacer le problème comme on fait aujourd’hui en traçant un nouveau chemin à côté du premier, devenu impraticable.
Il faut aussi développer un aspect pédagogique pour encadrer ces actions et en faciliter la réussite :
Diffuser largement les messages de protection de la nature.
Les vedettes de Bréhat ont déjà un message inscrit sur leurs dépliants; peut-être pourrait-on le rappeler oralement aux visiteurs à chaque passage? Développer les opérations de sensibilisation à l’office de tourisme…
Embaucher des SVT, ou des jeunes associatifs qui expliqueraient sur les sites concernés, les raisons des consignes et participeraient à les faire respecter.
Et si l’ensemble de ces interventions ne suffit pas, ne pas hésiter à associer les forces de l’ordre municipales à la mise en œuvre de sanctions à l’encontre des contrevenants les plus récalcitrants.
Il nous faut tous œuvrer dans le même sens pour que cette île, qui est notre bien commun, préserve ses atouts pour aujourd’hui et les années futures : une nature protégée à laquelle l’homme doit savoir s’adapter et non le contraire.