Activités maritimes à Bréhat
Par Eugène Prigent
Il y a quelques mois, Denis et son « E’Unan » prenait sa retraite, signant ainsi la cessation d’activité du dernier pêcheur de Bréhat.
Incroyable! Une île sans pêcheur?
Il doit pourtant y avoir de quoi faire, quand on regarde vers le passé. En remontant dans le temps, Le Dal Mad et le Diwal respectivement à Alain et Eric écumaient encore les côtes pour traquer le homard et le Bouquet, entr’autres.
En 2000, c’est Charles qui prend sa retraite et c’est la fin des « grands caseyeurs »: avant la Petite Laurence (1980/2000) et sa demi-douzaine d’hommes d’équipage, dont il fallait aller chercher une partie à Larcouest il y a eu en effet l’Askarra (75/80), le Paul Langevin (69/78), L’Angelus (65/69), l’Even Mor (1965), le Poilu (46/61), (Nod Goven). Non seulement Charles père s’était lancé dans la pêche aux « crabes », après avoir exploité plus petit (Poilu, Fleur d’Ajonc -ancienne vedette de passagers transformée (1961/65), mais d’autres suivirent: Denis et son frère Gilbert armèrent la Belle Gitane quelques mois (fin des années 70), François reprit le Paul Langevin, Alain Briand arma le Salut les Copains et s’affirma à Port-en- Bessin, tandis que Bruno Corlouer et Jean Floury navigaient sur le Lara et l’Apocalypse (Port-Clos),repris par Jean Volant(araignées surtout) épaulé par Michel Bocher qui plus tard armera le Corinne (maquereaux, homards, bouquets), comme Yves Corlouer sur le Pinson, après avoir armé l’Horizon avec son fils Yvon.
Des petites unités (comme Corinne et Pinson) étaient nombreuses dans les années 50,60 et servaient à la pêche à la ligne, aux filets, aux casiers, au transport de sable, de cailloux, de Goemon, en hiver, quand la pêche était médiocre, à réaliser des « barrages ». Il y avait le Rouget de Rémi, le Bambi de Francis, la Perle de l’océan de Gérard Collen, la Capricieuse de Jean-Pierre Prigent, le solitaire de Jacques Bocher, la Gina de Gérard Daigre, le Sirius de Job, Fernand et son fils Alain et l’oiseau des îles, Roland Collen qui aura plus tard une des premières vedettes en plastique sur l’île (le Pas-suz-co ) Martial et le Flipper, plus anciens, la Crevette de Camille, la gabarre à Fanchig, celle de Yves Collen, le Marnico. André Tasse et son Trois frères eut une longue carrière, Aimé, Constant…J’en oublie sûrement et m’en excuse !
Les armateurs, dans les années 50 occupaient leurs équipages de vedettes, pratiquement tous habitants sur l’île, pendant l’hiver, en armant des vedettes à la pêche: c’était ainsi pour le St Christophe avec Georges, Pierre Bocher, le Jeannot qui se retrouvait aux praires ou aux oursins avec P’tit Jean et Joseph, le Véga aux oursins, avec Jean Paul Colin. Ils armèrent ensuite des unités plus petites, mieux adaptées et plus orientées vers la pêche : le Luce-Ani, Constellation, Lara et Apocalypse (cités plus haut).
Hormis ces activités, la mytiliculture par une association de pêcheurs de l’île au sud de Logodeg et de Raguenez, à l’ouest de béniguet et l’ostréiculture (Patrick et Samuel), l’exploitation d’algues, sont essayées avec plus ou moins de succès.
En remontant plus dans le temps, on retrouverait probablement une réelle activité autour des ressources maritimes: pêche à la ligne, à la voile, à la godille, aux casiers, au filet … jusqu’aux pêcheries dont on retrouve des traces sur plusieurs sites autour de l’île. Seheres tiendrait même son nom de Sec’herez (sécherie en breton)…
Et maintenant? Des ressources sont sans doute moindres mais existent, insuffisantes de nos jours pour en faire son métier sur l’île? Les activités autour du tourisme, de plus en plus envahissant, moins prenantes et plus lucratives sont-elles la cause? Par contre, la pêche plaisance et le transport de passagers semblent s’épanouir; toujours est-il qu’une île bretonne sans pêcheur professionnel est une curiosité !
