Murmure humour

Les aventures imaginaires de Mme Le Turf, habitante de Bréhat
Tout est imaginaire – Enfin peut être !

 

C’est Dimanche, et Jean Claude, le fils de Mme Le Turf, avale sa purée avec difficulté.

– T’as pas faim, ou quoi, t’es malade ? T’es pas content avec ta Mère ?? On n’est pas bien, là, à manger tranquilles ? 

– J’ suis pas malade, Maman, j’ai à te dire …. 

– Il est mauvais ton patron de Pleubian, mauvais avec toi ?? Ça va pas avec les collègues ??

– Si, mais….

– Comment ça mais ? Fais donc une vraie phrase ! J’attends, moi, et ça m’amuse pas du tout. Quand je pense que je t’ai préparé ta purée comme t’aime ! Ah on n’est pas aidé avec toi ! J’ai pas de chance avec mes gars, moi qu’aime bien qu’on cause un peu !

– J’ai donné mon congé.

– Ah non, c’est pas vrai, Jean- Claude, qu’est-ce que tu nous fais là ?

Elle s’étouffe en avalant le reste de purée aux œufs.

– Il y a, Maman, il y a…

– T’es comme ton père !! faut attendre !!! Fallait toujours que j’attende avec lui !!

– J’ai donné ma démission à Pleublian, voilà….

– Ta démission !!!!  T’as pas fait de bêtise au moins ?  Et maintenant ?? T’as quoi en vue ? Tu crois que j’ai de quoi ? Et qu’est-ce qu’elles vont dire mes voisines ??

– Bréhat, Maman, Bréhat…

Soupirs, yeux au ciel…

– Et de quoi tu vas vivre ? Je vais pas t’entretenir, Jean- Claude, j’ai que la pension à ton père…

– J’ai trouvé un boulot à Bréhat.

– Alors ça, ça m’étonnerait bien !!   Même Robert, le fils de ma voisine de gauche, qui était meilleur que toi aux études, il cherche, il cherche…..Mais rien, je te dis, RIEN  RIEN… RIEN !!!!

– J’ai trouvé à la presse. J’ai eu la place.

Elle s’est levée. Elle marche dans la salle comme une folle.

– La presse !! T’as pensé à l’odeur ?  T’as pensé que tu vas tout salir chez moi ?  C’est tout ça qui se dit ici !! T’as pensé que j’allais encore te nettoyer comme un gamin ?? T’as pensé à ce qu’elles diront, mes voisines, à te voir revenir là ?  Si si, tout se connaît ici. T’as pensé à moi?   Moi qu’avais un beau gars bien propre sur lui. Et puis t’as pensé à l’amiante, à tout qu’est ce qu’ils en disent tous les jours à la télé ? T as pensé que c’est dangereux ? On me l’a dit !!

Elle reprend sa respiration.

– Mais Maman, l’amiante, ça n’a rien à voir. Et puis, on a des tenues qui protègent… Et puis, la Préfecture, elle va bientôt venir voir si c’est conforme…

– T’es naïf, ou quoi ! Tu crois que la Préfecture elle s’occupe de ça !  Avec tout ce qui se passe ?? Les migrants, et tout ça…. C’est  sale, on m’a dit, c’est du travail dangereux, et t’es comme ton pauvre Père, tu te précipites là dedans ! Ah j’ai pas de chance avec mes hommes. Et mes voisines, t’as pensé à qu’est-ce qu’elles diront mes voisines ?

Elle s’assied, à bout de souffle…

– La presse… Mon pauvre gars… Mon pauvre Jean Claude… Ah on n’est pas aidé…