Les aventures imaginaires de Mme Le Turf, habitante de Bréhat
Tout est imaginaire – Enfin peut être !
Huit coups sonnent à l’horloge de la salle. Déjà vingt heures ·! Mme Le Turf regarde par la fenêtre, ça fait maintenant une heure que Jean Claude aurait du arriver pour souper.
« Où c’est il donc qu’il est encore allé traîner , se dit elle, mon gars il a plein de défauts , mais l’exactitude, ça c’est son fort, il a du lui arriver quelque chose, c’est pas possible autrement. »
Soudain elle l’a perçoit dans le chemin, un peu titubant, son vélo à la main.
«Tu sens le vin Jean Claude, que se passe t’il? »
D’habitude, il boit pas, juste pour les communions et les noces- Alors, qu’est ce qu’il t’arrive donc?
« Mais dis donc tu vas parler à la fin ! »
Jean Claude sort de sa poche un papier tout froissé et articule à peine: « Maman, hoquète t’il entre deux soupirs, ils me virent. Viré comme un malpropre, fini, terminé la presse, licenciement économique, qu’ils appellent ça. Tiens lis la lettre, tu vas voir que je dis vrai. »
Mme Le Turf n’a plus de salive mais parvient à articuler trois mots:
«Et l’emploi à Kevin et Mikael, tes collègues, c’est pareil?»
« Pareil Maman, pareil ! Virés eux aussi ! La presse elle va quitter l’île Nord, ils vont la faire transporter ailleurs , et tout moderniser, qu’ils disent, il y aura des boutons partout , tout automatique, il y aura même plus besoin de nous !»
« Mais ils vont la mettre où ? »
«Au sud, je t’en ai déjà causé, au Nord ils en veulent plus, et comme ils connaissent un gars qui travaille au Ministère à Paris, un coup de fil et c’était fait: plus de presse dans l’île Nord.» répond Jean Claude
« Il n’y a pas de terrain pour ça dans le Sud, il s en trouvent déjà pas pour les logements sociaux! » lui demande Mme Le Turf
«T’inquiète, parait qu’ils sont sur le PLU en ce moment, et qu’ils auraient trouvé. »
« Le quoi? Qu’est ce que c’est que ton plus ? J’y comprends rien. » S’étonne-t-elle
« Réglementation au sol pour les terrains que ça veut dire. Où quelque chose comme ça, s’impatiente Jean Claude. Parait que ça peut être modifié, un PLU. »
Mme Le Turf est sonnée- Son Jean Claude au chômage, qu’est ce qu’il va devenir? Il y a pas de boulot sur l’Ile, et son Jean Claude sur le continent, ça jamais c’est seulement pas possible.-
« En attendant Maman, on va se battre ! Les copains préparent les banderoles : SAUVONS LA PRESSE ET SES TROIS EMPLOIS, NON AU DEMENAGEMENT !
Faudra que tu viennes défiler avec nous. Tu as vu les journaux, il cite: A Bréhat, en plein 15 août, alors que l’île compte 5000 habitants, que les touristes débarquent sans interruption, la presse à ordure a subitement lâché. La Préfecture entame une enquête, nous reviendrons sur les suites de celle-ci etc etc. » s’enthousiasme Jean Claude
« Mon pauvre gars avec ma hanche…
Ah ! on est pas aidés, on n’est pas aidés…. »
A suivre….