Un musée à Bréhat

Jean Michel Correc

Créer un musée à Bréhat serait une excellente idée. La plupart des îles en sont dotés. L’intérêt d’un tel projet ne se pose pas. C’est celle de sa faisabilité qui fait débat.  L’expérience du musée éphémère organisée par l’association la Kidèch’ démontre qu’un tel projet peut être porté et aboutir.

La question d’un musée à Bréhat a déjà été soulevée à plusieurs reprises.  Il existe évidemment un « musée virtuel de l’Ile-de-Bréhat » sur Internet, mais ici il va bien être question de la possibilité de créer un musée « réel ». Je ne crois pas que la question de l’intérêt d’un tel projet soit contestée, mais plutôt sa faisabilité, c’est donc de cela que je vais parler aujourd’hui. Je précise avant de commencer que je ne prétends pas avoir de réponses aux questions que poserait un tel projet. J’aime simplement l’idée d’en parler avec le plus grand nombre.

Commençons simplement par rappeler que d’autres îles ont un musée : Ouessant, Molène, Sein, Groix, Belle-Ile, l’île d’Arz, l’île d’Yeu, et j’en oublie sans doute. Certains sont portés par des thèmes particuliers, d’autres racontent « simplement » la vie du village. On ne détaillera pas ici les moyens utilisés pour créer ces structures, mais on ne doit pas en douter : il est possible de le faire sur Bréhat également.

Eco musée de l’île de Groix
Eco musée de l’île de Groix

Si débat il devait y avoir autour de ce sujet, on partirait je crois sur quatre questions : comment, qui, où et quoi ?

Comment ? Un tel projet, quelle que soit l’ampleur qui lui serait donnée, nécessiterait forcément un financement, que ce soit pour sa mise en œuvre, ou ensuite sa pérennité. Si l’on peut penser que la municipalité pourrait aider, elle ne pourrait pas être la seule ressource. D’autres structures pourraient cependant certainement soutenir une telle initiative : le Conseil Départemental, le Conseil Régional, la DRAC,… Par la suite, les entrées des visiteurs pourraient évidemment apporter une certaine somme d’argent. S’il est difficile de prévoir combien de personnes viendraient découvrir un tel lieu, je pense qu’il convient d’être optimiste à ce sujet. Entre les groupes et les individuels, le « potentiel public » est important, et si le travail est fait correctement, il n’y a pas à douter qu’il y aurait des visiteurs. Enfin je crois qu’une autre possibilité existe et devrait être étudié de très près, et c’est celle du mécénat.

Qui ? Quel fonctionnement pourrait-être imaginé ? Plusieurs alternatives sont possibles. On peut très bien imaginer un musée porté par une association, comme cela se fait ailleurs. Nombreuses sont les personnes qui s’intéressent à l’Histoire de l’île, une équipe de bénévoles motivés pourrait certainement être constituée. Comme toute association, elle aurait ensuite la tâche d’animer son projet évidemment, mais aussi de le transmettre afin que l’initiative perdure. Une autre alternative pourrait peut-être être un « jumelage » Office de Tourisme/Musée, c’est à dire un espace « musée » qui serait à part de l’accueil de l’Office, mais dont l’entrée serait gérée à l’accueil de l’Office (cela sous-entend évidemment de quitter les locaux actuels…). Certains auront sans doute d’autres idées, mais ces deux là me paraissent les plus « faisables ».

Où ? La question du bâtiment est bien sûr importante. Pour ouvrir un musée au public, il faut évidemment un lieu qui puisse accueillir les visiteurs. Mais avant même de parler d’un bâtiment concret, il serait intéressant de discuter de sa localisation : au bourg, au port, ailleurs sur l’île ?

Les exemples de phares accueillants des musées existent déjà, le phare du Rosedo pourrait-il être une possibilité ? Dans l’état actuel des choses, les bâtiments publics que sont la mairie et l’office de tourisme ne peuvent évidemment pas être des pistes, car trop exigus. Il faudrait donc regarder ailleurs.

Quoi ? Évidemment, la question du contenu est aussi une question importante. Cherche-t-on à mettre en avant l’Histoire de Bréhat au sens le plus large possible, où préfère-t-on faire un musée « spécialisé » sur un sujet précis ?

J’aime à croire que toute l’Histoire de l’île serait mise en valeur, mais bien sûr, c’est à ceux qui porteraient (porteront ?) un tel projet de trancher.

Le musée du grand phare à île de Batz ouvert en juillet 2018.
Le musée du grand phare à île de Batz ouvert en juillet 2018.

Pour moi qui fais partie de l’association la Kidèch’, il m’est difficile d’aborder un tel sujet, sans évoquer le projet de Musée Ephémère que nous avons fait l’an passé. Pendant 2 jours, nous avions mis en place un petit musée dans la salle des associations. C’était une première pour nous. On l’a fait avec nos moyens, et certains pourraient certainement trouver à redire sur la qualité de présentation de ce Musée Ephémère. Mais de notre côté nous retenons 3 choses : l’intérêt que ce projet a suscité, avec 300 visiteurs ; la diversité du public, adultes, enfants, familles, des Bréhatins à l’année, des résidents secondaires, des gens du continent venus spécialement pour visiter le musée, et des visiteurs de passage sur l’île ce jour là qui en ont profité pour nous faire une petite visite.

Et enfin, nous retenons le plaisir que beaucoup ont eu à échanger sur place à la vue des objets, photos et tableaux présentés, et à se rappeler et partager leurs souvenirs. La Kidèch’ n’a pas pour vocation à porter le projet d’un musée pérenne et ce n’était pas notre objectif, mais à notre niveau et avec nos moyens nous voulions créer cet espace et donner à ceux qui le souhaitaient la possibilité de partager autour de l’Histoire de Bréhat.

Je profite d’ailleurs de cet article pour vous dire qu’il y aura une 2e édition de ce Musée Ephémère les 14 et 15 septembre 2019.

Pour terminer, je souhaiterais simplement rappeler qu’il existe actuellement sur l’Ile de Batz un appel aux dons, porté par la municipalité et la Fondation du Patrimoine avec un double objectif : la restauration du phare, et la création d’un espace muséographique qui « viendra s’insérer dans ces locaux pour présenter l’Île de Batz dans sa diversité historique, paysagère et culturelle ». Preuve s’il en est besoin, qu’il est possible aujourd’hui encore de lancer de tels projets.