Une tradition familiale qui s’inscrit dans un avenir bréhatin fertile et goûteux

Anne-Laure Auffret, bréhatine de presque 40 ans, puise, loin dans son enfance, les goûts et les odeurs pour se construire, sur notre île, un avenir fertile et goûteux pour tous.

Elle a vécu toute son enfance dans une ferme entourée d’animaux, de foin et de fleurs.

Devant le futur laboratoire et le point de retrait

Sa maman Noëlle et ses tantes Ernestine et Albertine, les sœurs Geffroy, exploitaient un lieu assez particulier. Elles travaillaient principalement dans l’entretien des jardins à défaut de pouvoir vivre de l’élevage de vaches, pour faire du lait et du beurre.

L’âge des protagonistes arrivant, l’activité de l’exploitation a commencé à baisser en rythme. De moins en moins de vaches, la ferme risquait de disparaître.

A priori Anne-Laure n’avait pas l’intention de poursuivre la ferme. Largement impliquée dans l’hôtellerie et la restauration, après un passage dans la cuisine du Chardon Bleu elle s’épanouissait au sein de l’association Éducation Plein Air Finance (EPAF) dans l’établissement « les Rocs » où elle était employée.

Mais les choses se sont gâtées avec l’arrivée d’un nouveau patron (qui a quitté l’île depuis). Des conflits sont apparus et
Anne-Laure a quitté l’association. Rapidement lui revint en mémoire son enfance dans la ferme, le contact avec les animaux, l’envie de faire autre chose et de ne pas dépendre d’un patron, ni d’avoir à gérer les autres. L’idée lui vient de reprendre la ferme qui risquait de disparaître. La nouvelle mode du localisme, la recherche du cycle court, des produits sains et bio, lui ouvrent des perspectives intéressantes.

Mais sortir de la restauration et de l’hôtellerie pour devenir agricultrice n’est pas chose aisée.

Elle s’inscrit à une formation de 9 mois à Quintenic, au centre de formation agricole de la chambre d’agriculture pour y passer le « brevet professionnel de responsable agricole ». Elle y apprend tout ce qu’un exploitant agricole doit connaître : les techniques agricoles, les agro-environnementales, les aspects juridiques, la comptabilité et la gestion.

Avec un tel diplôme en poche, elle peut prétendre aux aides et subventions au profit des jeunes agriculteurs.


Anne-Laure avec une partie de son troupeau

La question était de savoir dans quel secteur agricole se lancer.

Mais Anne-Laure n’a pas eu trop de mal à se décider. Le contact avec les animaux a toujours été un de ses moteurs. Ce sera donc la vache laitière.

Pour produire du lait bien sûr mais aussi quelques dérivés tels que le beurre ou le fromage blanc.

A moyen terme elle envisage également la production de yaourt, ainsi que, plus complexe à mettre en route, la fabrication de glaces.

Il fallait donc trouver les vaches qui allaient l’accompagner dans son aventure. La recherche n’est pas évidente, mais les circonstances météorologiques de l’automne dernier en 2018 l’ont un peu aidé. De nombreux agriculteurs, risquant d’être en panne de foin à cette époque, ont décidé de vendre une partie de leur cheptel. C’est ainsi qu’elle a trouvé sur « Le Bon Coin » (étonnant !) les 7 premières vaches de son troupeau. Ce sont des génisses.

Il s’agit de Cornu, Mémère, Odysée, Nivéa, Namibie, Nova et Noisette. Ce sont des jersiaises, donc originaires de Jersey, qui sont connues pour leur caractère placide et la production d’un bon lait bien gras qui est parfait pour les projets d’Anne-Laure.

La vente des produits sera une vente directe du producteur au consommateur et cela toute l’année. Si toute se passe comme prévu, pendant la saison, elle viendra deux fois par semaine sur la place du bourg pour y tenir un stand. Mais les consommateurs trouveront également un point de retrait des produits à la ferme.

En terme économique Anne-Laure envisage de travailler seule avec l’aide d’un saisonnier pendant l’été. Mais elle n’a pas l’intention de grandir outre mesure. Une exploitation individuelle, qui fasse vivre sa famille, est le but qu’elle s’est fixée.

Un appel à tous ceux qui se sentent concernés

En principe le point zéro de son exploitation, c’est-à-dire la date à laquelle elle couvre ses charges et se verse un salaire, devrait être atteint au bout de deux ou trois ans, son troupeau devant passer de 7 têtes à environ 10 à 12 têtes. Même les banques semblent intéressées par son projet. Ce qui est un bon signe.

Tout se met donc en place. D’ici mars 2020, les premiers litres de lait devraient être vendus avec ses dérivés, le beurre et le fromage blanc.

Nous, les consommateurs, avec les papilles en alerte, lui souhaitons un bon démarrage et surtout une activité qui sera pérenne.

L’avenir de Bréhat est en route.

Une relation très intime avec ses animaux